La prise en compte de la biodiversité à Terre de Liens

La prise en compte de la biodiversité est inscrite dans l’ADN de Terre de Liens. Dans sa charte, le Mouvement Terre de Liens s'engage à

« Préserver les terres agricoles et en assurer un usage responsable sur les plans social et environnemental (ainsi qu'à) soutenir les projets qui vivifient le sol, les paysages et l’équilibre des écosystèmes ».

Pour répondre à ces enjeux, Terre de Liens soutient un modèle agricole respectueux de l’environnement (agriculture biologique et paysanne) et adosse à ses baux ruraux des clauses environnementales (voir partie 3 "les outils juridiques au service de la biodiversité" pour en savoir plus).

Le sujet de la biodiversité est empoigné par l’ensemble des piliers du Mouvement Terre de Liens :  

• Les associations territoriales organisent des actions en lien avec la biodiversité à l’image de fêtes de la biodiversité sur les fermes, d’inventaires naturalistes, de chantiers participatifs de plantation de haies… Certaines, comme Terre de Liens Midi-Pyrénées et Terre de Liens Languedoc-Roussillon, sont même impliquées dans des projets partenariaux d'envergure (Programme LIFE Biodiv’paysanne). 
• La Fédération nationale porte la Mission Utilité Sociale et Environnementale (MUSE) depuis presque 10 ans, avec notamment la conception d’un diagnostic participatif des sols, le diagnostic “Humus” (voir partie 2 diagnostics).
• La Fondation Terre de Liens déploie depuis 2022 un programme d’envergure sur la thématique biodiversité (voir partie 1.2)
• Les propriétaires Fondation et Foncière, via le Pôle Fermes (regroupant les métiers de suivi des fermes), ont souhaité améliorer la trame d’état des lieux des fermes Terre de Liens en y ajoutant notamment des précisions sur l’état des sols et les éléments naturels présents sur les terres (haies, mares…). Ils travaillent également sur la rédaction du bail rural environnemental afin d’intégrer les infrastructures agroécologiques créées dans les contrats qui nous lient aux fermier·es, notamment en définissant de manière précise les droits et devoirs des propriétaires et fermiers.

Une démarche à la carte pour faciliter la prise en main de la biodiversité à Terre de Liens 

En 2021, un travail de recensement et d’analyse des pratiques et attentes de préservation de la biodiversité dans le Mouvement Terre de Liens a été mené. Il a donné lieu à une proposition de démarche à la carte qui permet la prise en main de la thématique “biodiversité” à l’échelle du Mouvement. 

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Le Programme Biodiversité porté par la Fondation

Il y a quelques années, la Fondation Terre de Liens a fait que le constat que certains fermières et fermiers Terre de Liens développaient déjà des pratiques favorables à la faune, à la flore, aux champignons, aux sols mais étaient en attente de conseils et d’accompagnement pour aller encore plus loin dans leurs démarches. D’autres attendaient d’être soutenus pour investir ce nouveau champ d’action.

C’est la raison qui a motivé la Fondation Terre de Liens à créer et déployer un programme pour améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les fermes.

Financé par 4 mécènes (les fondations Léa Nature/Jardin BiO, Natixis, Ginkgo et le fonds de dotation Domorrow), ce programme vise à :

• accompagner les fermiers motivés pour qu’ils deviennent des acteurs de la préservation et de la restauration de la biodiversité en démultipliant les actions biodiversité dans les fermes Terre de Liens ;
• participer à l’émergence de communautés d’échanges entre paysans sur la thématique biodiversité ;
• poursuivre notre mission d’éducation populaire en impliquant les citoyens dans la réalisation des chantiers participatifs sur les fermes Terre de Liens ;
• créer des passerelles entre acteurs de la protection de l’environnement et acteurs agricoles ; 
• développer un plaidoyer sur la manière d’intégrer la biodiversité en agriculture.

Concrètement, la Fondation va pouvoir accompagner au moins 75 fermes Terre de Liens sur 4 ans (2022-2025) par :

• la réalisation de diagnostics agro-environnementaux dans les fermes. Ils permettront d’identifier les enjeux (espèces de faune ou de flore présentes ou susceptibles de revenir,habitats favorables aux espèces,interactions avec les éléments structurants du paysage/corridors écologiques, préservation des ressources naturelles eau et sol, interactions avec les pratiques agricoles) et de définir des préconisations (bonnes pratiques agricoles, plan d’aménagement par la création et/ou la restauration d’infrastructures agro-écologiques…). Ces diagnostics sont réalisés par des experts qualifiés (écologues, associations naturalistes…),
• la mise en œuvre d’actions concrètes dans ces fermes : restauration ou plantation agroforestières, restauration ou création de mares, de murets en pierre sèche, de zones humides, construction et pose de nichoirs, gîtes et abris pour la faune (oiseaux, chauve-souris, petits mammifères, reptiles, pollinisateurs...), protection de cours d'eau, amélioration de la vie biologique et de la biodiversité du sol... 

L'objectif est de recréer des milieux favorables à l'arrivée spontanée d'espèces. Cela passe par la création d'une hétérogénéité d’habitats avec une haute densité d’infrastructures agro-écologiques. Les « éléments naturels » (haies, mares…) doivent à terme remplacer les « éléments artificiels » (nichoirs), mais il peut être nécessaire de donner un coup de pouce à la biodiversité en créant des aménagements temporaires.

Les fermiers sont au cœur de la démarche : ce sont eux les premiers acteurs permettant d’améliorer la préservation de la biodiversité dans les fermes Terre de Liens. Ils définissent les projets à réaliser dans leur ferme (type de diagnostic et d’action).

Pour les accompagner, la Fondation se repose sur les associations territoriales Terre de Liens et des structures naturalistes ou écologues locaux. A ce titre, Terre de Liens tisse de nombreux partenariats avec des structures reconnues comme expertes dans leur champ de compétences (Solagro, Arthropologia, AFAC-Agroforesteries, LPO, Conservatoires d'espaces naturels, Centres permanents d’initiatives pour l’environnement...).

Le budget du Programme Biodiversité s’élève à 1,1 million € sur 4 ans (2022-2025).

Vous pouvez retrouver une brève présentation du Programme Biodiversité et un débat auquel la Fondation Terre de Liens a participé sur la manière d’intégrer le vivant dans les exploitations agricoles (assises nationales de la biodiversité, Marseille - 2023) en cliquant sur ce lien : https://biodiversite.idealco.fr/conference/28722

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Une initiative portée en Occitanie : le LIFE Biodiv'Paysanne

Débuté en 2022, le “LIFE Biodiv’ Paysanne” vise à préserver la biodiversité de la région Occitanie menacée par l'artificialisation des paysages, l'intensification de l'agriculture et la déprise agricole, avec deux objectifs principaux : 

• Renforcer le réseau de sites naturels gérés et protégés, 
• Participer à la transition agroécologique des territoires et impliquer les agriculteurs dans la préservation de la biodiversité. 

C'est sur ce second objectif que les associations territoriales Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon se sont engagées.

Ce programme, porté par le Conservatoire d'espaces naturels (CEN) d’Occitanie, avec la contribution de Solagro, est déployé avec le soutien financier de l’Europe, la Région Occitanie, l’Agence de l’eau Adour-Garonne et le Ministère de la transition écologique et solidaire. 

Jusqu’en 2027, il va accompagner 60 fermes en Occitanie dont 20 fermes Terre de liens (10 en Midi-Pyrénées, 10 en Languedoc-Roussillon) pour mieux connaître, préserver et renforcer la biodiversité qu’elles accueillent.

Concilier production agricole et préservation du vivant au sein des exploitations, avec l’appui des agriculteurs et agricultrices, c’est l’un des objectifs du programme LIFE Biodiv’ Paysanne.  

Un diagnostic croisant des indicateurs agronomiques, socio-économiques et écologiques est déployé sur les fermes par les partenaires du programme. Il sert à co-construire avec les fermier.e.s des plans de gestion et à proposer des actions pour renforcer la biodiversité existante, augmenter la diversité des écosystèmes et raviver les équilibres naturels qui profiteront aux activités de production de la ferme.

Restauration de zones humides, création de mares, installation de nichoirs ou de refuges pour la faune, plantation de haies, implantation de bandes enherbées pourront ainsi être déployés sur les fermes partenaires. Des modifications de pratiques agricoles pourront aussi être encouragées pour favoriser l’accueil de la biodiversité : adaptation des périodes de fauche ou des pressions de pâturage, mise en place de bandes enherbées ou de couverts sur les cultures, allongement de la période de rotation des cultures, limitation des intrants, accompagnement à la conversion vers l’agriculture biologique (pour les fermes hors du réseau Terre de Liens), diversification des productions...

Au niveau national, ce projet permet également de renforcer le partenariat avec la fédération des Conservatoires d’Espaces Naturels par des temps d’inter-connaissance et des réflexions collectives sur nos pratiques respectives et des actions communes de communication des résultats du programme à l’attention des décideurs publics et des acteurs du monde agricole.

Diagnostics, outils juridiques et fonciers, infrastructures agro-écologiques ; quelques approches permettant de relier agriculture et biodiversité

Des diagnostics pour mieux comprendre la biodiversité présente sur les fermes

Terre de Liens utilise des diagnostics pour mieux comprendre la biodiversité présente sur les fermes (faune, flore, habitats, champignons) et les écosystèmes et corridors écologiques environnants. 

Ces diagnostics  aboutissent à des préconisations pour améliorer les alliances entre pratiques agricoles et vie sauvage. Celles-ci peuvent prendre deux formes : 

• Des recommandations sur l’évolution des pratiques paysannes (modification du calendrier et des parcours de pâturage pour préserver la flore, retardement de la fauche pour laisser des zones fleuries ou favoriser la survie des oiseaux nichant au sol…) ;
• Des recommandations pour créer et/ou restaurer des infrastructures agroécologiques : haies, alignements d’arbres, arbres isolés, mares, fossés, bandes enherbées, murets en pierre sèche, garrigues rases, friches herbacées, forêts.

Ci-dessous des exemples de méthodes de diagnostic qui peuvent être utilisées en milieu agricole :

• Le diagnostic HUMUS : imaginé par Terre de Liens dans le cadre de sa mission d'évaluation de l'utilité sociale et environnementale (la Muse). Ce diagnostic permet à la fois d’analyser scientifiquement l’état des sols des fermes et d’associer à cette analyse les citoyens engagés dans Terre de Liens. 
• le Dialogue Permanent pour la Nature, utilisé par Paysans de nature,
• le “diagnostic croisé” déployé dans le cadre du LIFE Biodiv’Paysanne, qui croise les enjeux écologiques, agronomiques et socio-économiques (prochainement disponible),
• des outils pour favoriser la lutte biologique et contrôler naturellement les populations de ravageurs de culture : les clefs simplifiées et illustrées des auxiliaires de culture, proposé par l'ASTREDHOR Loire-Bretagne, la base documentaire ABAA développée dans le cadre du programme EcoPhyto, les fiches "Connaître la biodiversité utile à l'agriculture pour raisonner ses pratiques" du PSDR Occitanie.

Nous mettrons cette rubrique à jour régulièrement pour vous partager de nouvelles ressources.

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Les outils juridiques au service de la biodiversité

La rubrique sur les outils juridiques sera régulièrement mise à jour. 

Le Bail Rural Environnemental : BRE 

Le Bail Rural Environnemental (BRE) est un bail rural assorti de clauses environnementales. Il permet d’inscrire des clauses qui visent au maintien ou au changement de pratiques jugées favorables à l’environnement. Les principales dispositions relatives au BRE sont inscrites dans la partie législative du Code rural et de la pêche maritime à l’article L.411-27 et dans sa partie réglementaire à l’article R.411-9-11-1 et suivants.

A Terre de Liens, l’ensemble des baux signés par les fermiers sont assortis de clauses environnementales qui concernent toutes les parcelles acquises. Les baux signés par Terre de Liens comprennent à minima les clauses relatives au suivi du cahier des charges en agriculture biologique. Ainsi, aucune ferme Terre de Liens n’a recours à l’utilisation des produits de traitements ou engrais chimiques de synthèse, identifiés comme l’une des principales causes du déclin majeur de la biodiversité et mettant en péril les écosystèmes. 

De même, par ce contrat, les fermiers s’engagent à maintenir les espaces semi-naturels et les infrastructures agro-écologiques comme les prairies, les arbres isolés, les mares ou les haies, qui sont de véritables refuges pour la biodiversité.

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Les Obligations Réelles Environnementales (ORE) 

La loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a créé un nouvel outil juridique, permettant aux propriétaires fonciers de faire naître sur leur terrain des obligations durables de protection de l’environnement : l’obligation réelle environnementale (ORE). Codifiées à l’article L. 132-3 du code de l’environnement, les ORE sont inscrit dans un contrat au terme duquel le propriétaire d’un bien immobilier met en place une protection environnementale attachée à son bien, pour une durée pouvant aller jusqu'à 99 ans. 

https://www.ecologie.gouv.fr/obligation-reelle-environnementale 

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Les autres outils juridiques au services de la biodiversité

Un groupe de travail, mis en place dans le cadre de LIFE Biodiv'paysanne, recense actuellement les autres outils juridiques au service de la biodiversité. Un tableau comparatif sera prochainement disponible. 

Les infrastructures agro-écologiques

Les “infrastructures agroécologiques” (IAE) constituent le lieu de vie permanent ou intermittent d'espèces, permettant leur reproduction, alimentation, refuge, estivation ou hivernation. Elles participent ainsi activement à la préservation de la biodiversité et à la mise en place de la Trame Verte et Bleue pour la connectivité des milieux en permettant la circulation des espèces et le brassage génétique, garant de l’adaptation au changement climatique.

Les IAE sont des « habitats semi-naturels » : linéaire comme les alignements d’arbres et leurs bandes herbeuses au bord ou dans les parcelles, lisières forestières, haies, talus, murets, bords de fossé, de ruisseaux, prairies inondables, prés-vergers, parcours, friches, bosquets, zones humides, mares, sources, arbres isolés, rochers, murets en pierre sèche. 

(Source : Jean-Pierre Sarthou, 2016. Infrastructure agroécologique : Définition. Dictionnaire d’agroécologie. https://doi.org/10.17180/q9h6-f326)

Pour assurer la bonne gestion des IAE, voici quelques ressources techniques sur :

- la gestion durable des haies :  l'AFAC-Agroforesteries a édité un guide de préconisations

- la création et restauration de mares : l'association Les Blongios a édité un guide technique

- des préconisations sur les techniques d'imperméabilisation des mares : l'association BioDivers recense les types de plans d'eau et d'ouvrages techniques

Pour aller plus loin, des webinaires sur la biodiversité en milieu agricole

Un cycle de Webinaire a été organisé par la Fondation Terre de Liens au cours de l'année 2023 dans le cadre de son programme biodiversité afin de rendre accessible et de diffuser les approches et expertises de partenaires qui agissent pour le rapprochement entre agriculture et biodiversité.

Webinaire "Réensauvager la ferme"

Webinaire du 3 février 2023 avec l’association Réensauvager la ferme

Pourquoi conserver et restaurer les milieux sauvages à proximité des cultures ? Comment restaurer les interactions entre pratiques paysannes et vie sauvage ? Comment recréer des systèmes agricoles complexes et résilients ?

Webinaire "Planter, restaurer et gérer durablement les haies"

Webinaire du 23 février 2023 avec Catherine Moret de l'AFAC-Agroforesteries

Quel est l'intérêt des haies ? Comment caractériser le bon état écologique de la haie et quelle maille fonctionnelle pour une bonne performance écologique de la ferme ? Comment atteindre ces objectifs avec quelles pratiques ? Pourquoi et comment restaurer les haies, les gérer durablement, les replanter et les valoriser ?

Webinaire "Valoriser et gérer durablement les haies"

Webinaire du 22 mars 2023 avec Catherine Moret et Paule Pointereau de l'AFAC-Agroforesteries et Emmanuel Lelièvre, agriculteur qui entretient les haies et valorise le bois

Comment couper une haie? Que faut-il couper ? Quand ? Comment ? Et qu’est ce que ça implique en termes de réactions physiologiques pour les arbres ? Et comment suit-on la mise en œuvre d’une bonne gestion ? Comment valorise t-on le bois ensuite ?

Webinaire "Paysans de Nature"

Webinaire du 2 mars 2023 avec Paysans de Nature : Léna Balaud et Perrine Dulac (respectivement animatrice et trésorière de l'association nationale Paysans de Nature), Martin (adhérent Paysans de Nature), Pascale et Frédéric (bénévoles impliqués dans le groupe local Paysans de Nature Marais Breton).

Que fait le réseau Paysans de Nature ? Quelles sont les valeurs et pratiques défendues et mises en œuvre par les paysannes et les paysans ? Quelles sont les actions foncières menées par ce réseau ?

Webinaire "Auxiliaires de culture"

Webinaire du 31 mai 2023 avec Arthropologia : Hugues Mouret (fondateur et directeur scientifique de l'association), Dominique Vianney (paysan devenu naturaliste)

Les auxiliaires de culture, de véritables alliés de la production agricole ? Mais qui sont-ils ? Que font-ils ? Comment créer des conditions favorables à leur épanouissement ?

Webinaire "Adopter une vision systémique et fonctionnelle du sol en agriculture"

Webinaire du 13 février 2024 avec Sol & Co : Quentin Vincent (directeur scientifique de l'entreprise)

Le sol : ses composants, sa biodiversité et ses services. Diagnostics participatifs de sol. Modes de gestion et biodiversité des sols