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Récolte
Recueil d’initiatives foncières

La ferme de reconquête de Lamelouze (30)

Une chèvrerie-fromagerie communale pour lutter contre les incendies
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Dans les Cévennes gardoises, la mairie de Lamelouze et le syndicat mixte de la vallée du Galeizon ont imaginé, dès 2005, de créer une chèvrerie-fromagerie communale dans l’objectif de réduire le risque incendie. Une association foncière pastorale est lancée pour établir des conventions de pâturage. La construction du bâtiment d’exploitation et de logements communaux est finalisée en 2009.

Situation

Lamelouze
(30)

Lamelouze est une petite commune gardoise d’une centaine d’habitants en lisière du parc national des Cévennes (PNC). Elle a signé la charte du PNC. Elle fait aussi partie de la vallée du Galeizon, site Natura 2000 et territoire expérimental de la réserve de biosphère des Cévennes. Le hameau principal des Appens se situe sur des reliefs schisteux aux dénivelés importants. Une large part des flancs de montagne est aménagée en terrasses, autrefois entièrement dédiées à l’agriculture. La population diminue depuis la seconde partie du vingtième siècle et, avec l’abandon des terres, les paysages se referment. Les pins maritimes se multiplient au détriment des châtaigniers. Le climat méditerranéen donne lieu à des épisodes de sécheresse pendant l’été, avec des risques d’incendie élevés.

2002 : lancement du PLAC et réalisation d’études sur les possibilités d’aménagements anti-incendie

2004 : création de l’AFP avec 25 propriétaires, pour établir des conventions de pâturage sur 50 ha

2006-2007 : un porteur de projet est sélectionné et des fonds débloqués pour la construction du bâtiment d’exploitation

2009 : la chèvrerie-fromagerie est finalisée, un couple d’éleveur s’installe

2012 : deux associés reprennent l’exploitation et la diversifient progressivement

Agir contre les risques d’incendie

Dans les années 2004, la mairie de Lamelouze, avec le soutien technique du syndicat mixte d’aménagement et de conservation de la vallée du Galeizon (SMACVG), lance une réflexion sur la lutte contre les incendies. En alternative au coûteux débroussaillage de bandes de terrain (coupures de combustible), elle veut expérimenter l’aménagement d’une ceinture verte autour du hameau des Appens. En 2002, dans le cadre du plan local d’aménagement concerté (PLAC), une étude est confiée à la Chambre d’agriculture. Les résultats montrent le potentiel de l’élevage caprin pour entretenir durablement un parcours anti-incendie autour des habitations. De plus, l’installation d’une chèvrerie-fromagerie locale peut redynamiser l’activité économique et la châtaigneraie peut apporter un complément de revenus.

Une animation foncière mobilisatrice

Pour lancer le projet, il faut réunir assez de terres pour le pâturage des chèvres. L’animation locale de la commune, en lien avec la Safer, permet de mobiliser 25 propriétaires au sein d’une association foncière pastorale (AFP). Créée en 2004, l’AFP est mandatée pour établir des conventions pluriannuelles de pâturage sur 51 ha ; des accords verbaux sont obtenus pour 50 ha additionnels. En parallèle, la municipalité se porte acquéreuse de parcelles en vente. Dans un premier temps, elle achète 14 ha (avec un financement régional), puis 24 ha vendus par l’office national des forêts. La mairie procède à des échanges de parcelles avec les propriétaires pour constituer un îlot foncier cohérent. Des travaux sylvicoles sont par ailleurs engagés pour éliminer des résineux, afin d’améliorer le potentiel pastoral et castanéicole de l’espace.

La création d’une ferme de reconquête

De 2004 à 2006, la commune est appuyée par le SMACVG pour trouver des financements pour la création d’une chèvrerie-fromagerie communale. Des aides du Département, de la Région et de l’Etat sont obtenues via le dispositif « Fermes de reconquête ». Un appel à projet est diffusé en 2006 pour sélectionner un éleveur caprin. Toutefois, il faut attendre fin 2007 pour que le déblocage des fonds permette d’engager un architecte. La mise au point du projet de chèvrerie a pris également du temps. Début 2009, les travaux commencent. Ils aboutissent à l’été, tandis que la mairie finalise, avec l’aide de l’office HLM du Pays Grand Combien, deux logements pour les nouveaux agriculteurs. Un couple d’éleveurs est sélectionné, mais se désiste rapidement pour des raisons personnelles. En 2009, un second couple s’installe avec une quarantaine de chèvres et l’objectif d’augmenter progressivement le cheptel. Il rencontre toutefois des difficultés : taille réduite du troupeau initial, parcours anti-incendie long et encore très fermé, d’où une fatigue des chèvres laitières…

La création chèvrerie-fromagerie de Lamelouze introduit un dispositif original de lutte contre les incendies, qui contribue à la relance d’une dynamique locale. Depuis sa création, quatre autres agriculteurs se sont installés et de nouvelles familles sont venues habiter dans les hameaux. Le second couple d’éleveurs est parti en 2011. Il a été remplacé par deux associés originaires du territoire, avec une quarantaine de chèvres de race rustique. Ils ont diversifié leurs productions avec un élevage de volailles et de cochons pour améliorer la viabilité de l’exploitation. Les produits sont vendus à la commande et en circuits courts (AMAP, marchés). Le bâtiment reste un bien communal loué aux agriculteurs. Le loyer faible (350 € par mois) permet aux jeunes éleveurs de consacrer leurs ressources au lancement de l’exploitation : achat de cheptel, de matériel…

« La réflexion s’est menée avec les habitants, notamment les propriétaires fonciers. C’est eux qui détiennent cette « clef ». Et puis, ce qui est aussi important, c’est la démarche globale et transversale : la solution de logement des éleveurs trouvée avec l’office HLM de la communauté, le développement de l’utilisation du pin pour faire des copeaux et chauffer les bâtiments communaux, etc. »
- Ancien responsable du Syndicat du Galeizon
« Sans l’opportunité de la chèvrerie-fromagerie communale, nous n’aurions pas eu les moyens financiers de nous installer, on ne serait pas là ! »
- Tony, éleveur associé
  • L’animation municipale a permis d’impliquer une grande partie des propriétaires de la commune dans le projet, via l’adhésion à l’AFP.
     
  • La multiplicité des partenaires institutionnels du projet a créé des défis de coordination, mais a eu un effet dynamisant, enclenchant une nouvelle vague d’installations agricoles à Lamelouze.
     
  • Le SMACVG a apporté un soutien technique important à la maitrise d’ouvrage municipale.
  • Le parcours imposé de pâturage pour la lutte contre les incendies est contraignant (zones à faible apport nutritif, difficultés à le couvrir avec un petit troupeau laitier…)
     
  • Nécessité d’harmoniser et de synchroniser les différentes étapes et facettes du projet : conception du bâtiment d’exploitation, sélection d’un éleveur, recherche de financement… Sous peine de découragement des acteurs.
     
  • Les coûts sont élevés pour la municipalité : outre une participation financière à la construction, elle doit viabiliser le terrain (accès à la chèvrerie, raccordement aux réseaux, etc.)
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Oui
Acquisition foncière,Animation foncière,Association foncière,Convention de mise à disposition,Ferme communale ou intercommunale

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