Centre de Ressources

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Préserver et partager les terres agricoles
RECOLTE
Recueil d’initiatives foncières

Le Comité Trajectoire de la communauté de communes Erdre-et-Gesvres (44)

Un comité de veille multi-acteurs pour anticiper les transmissions et installations pour une agriculture nourricière et respectueuse des ressources
février 2025
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La communauté de communes d’Erdre-et-Gesvres (CCEG) met en place un comité multi-acteurs au sein duquel les partenaires partagent leurs données sur les fermes susceptibles de faire l’objet d’une  transmission et sur les porteurs·euses de projet. Le dispositif permet d’accompagner les transmissions au cas par cas, de mettre en lien cédant·es et candidat·es à l’installation, et de se donner les moyens d’être réactifs lorsqu’une ferme risque de disparaître.

Situation

Grandchamp-des-Fontaines
(44)

Le territoire de la communauté de communes Erdre-et-Gesvres est un territoire périurbain mais encore très agricole (62% de la surface est à usage agricole), et compte environ 300 fermes, parmi lesquelles domine l’élevage bovin pour la production de lait et viande. La proximité immédiate de la métropole de Nantes crée une pression foncière croissante sur le territoire.

La relève agricole est un enjeu identifié au niveau de la communauté de communes : en 2023 un diagnostic agricole réalisé par la chambre d’agriculture montre que 26% des exploitations du territoire sont pilotées par un·e chef·fe d’exploitation de plus de 55 ans, et parmi celles-ci, seulement 35% ont un projet de transmission connu. Ces constats concernent toutes les communes du territoire. Le maintien de l’activité agricole est donc l’une des priorités du service Agriculture et Alimentation de la collectivité. 

2021 : échanges entre la communauté de communes Erdre-et-Gesvres et le réseau des organisations paysannes et citoyennes “TACTS44” (équivalent local du réseau INPACT), qui propose de travailler en coopération multi-acteurs sur un programme d’actions commun. Ce programme comporte un volet installation-transmission.

Début 2023 : le comité multi-acteurs Trajectoire est créé à l’initiative de la vice-présidente de la communauté de communes déléguée à l’agriculture et à l’alimentation.

2023-2024 : réunions trimestrielles : phase de mise en oeuvre des outils et des modalités du partage des informations entre les partenaires au sein du comité

Fin 2024 : lancement des groupes opérationnels locaux pour travailler de près sur quelques cas de transmissions à enjeux

La vice-présidente de la communauté de communes déléguée à l’agriculture et à l’alimentation a souhaité rassembler autour d’une même table tous les acteurs travaillant sur l’installation-transmission et sur le foncier agricole pour une action coordonnée et efficace.

Objectifs

Le comité Trajectoire est une cellule de veille technique pour anticiper et faciliter les transmissions, au service d’une agriculture de proximité, créatrice d’emplois et nourricière. Les objectifs sont de créer une dynamique multi-acteurs afin de partager les données sur les transmissions et l’installation, de connaître les dynamiques foncières locales, notamment grâce aux données que détient la Safer sur les opérations foncières, et de construire une stratégie foncière coordonnée sur le territoire. Sur des cas de transmission concrets, le comité doit permettre de renforcer l’accompagnement des cédant·es et des porteurs·euses de projet, et d’apporter de l’ingénierie de projet.

Composition

Le comité est présidé par la vice-présidente déléguée à l’agriculture et à l’alimentation de la CCEG. Sa volonté a été de réunir les technicien·nes d’une diversité de structures institutionnelles et associatives : la Chambre d’agriculture, la Safer, le GAB 44, la Coopérative d’installation en agriculture paysanne CIAP44, Terre de Liens Pays de la Loire, le réseau CIVAM, Cap44 (l’ADEAR 44), la SCIC Nord-Nantes qui travaille sur le portage foncier, les services de l’Etat avec la présence de  la DDTM (sur les enjeux de captage d’eau sur le territoire), et le département qui anime un périmètre de protection des espaces naturels et agricoles périurbains (PEAN) qui englobe 6 communes de la communauté de communes.

La communauté de communes a signé des conventions  avec les différents partenaires. La Chambre d’agriculture et CAP44 sont les co-pilotes du dispositif, qui aident la CCEG à préparer les réunions et animer la démarche. Les autres partenaires apportent leur connaissance du territoire et leur expertise en matière de foncier et d’installation-transmission.

Partage d’informations

Les partenaires se réunissent physiquement une fois par trimestre dans les locaux de la communauté de communes. Ces réunions sont l’occasion de mettre en commun les informations concernant les fermes à transmettre et les porteurs·euses de projet. Les partenaires sont liés par un accord de confidentialité autour de l’échange de ces données.

Tout d’abord, le comité permet de partager les connaissances de terrain des partenaires : futur·es cédant·es rencontré·es dans le cadre de leurs missions, cédant·es inscrit·es au répertoire départ installation (RDI) de la Chambre d’agriculture ou ayant rempli une déclaration d’intention de cessation d’activité (DICAA), porteurs·euses de projet accompagné·es, bouche à oreille… En dehors des réunions du comité, les partenaires alimentent au fil de l’eau une base de données partagée des cédant·es et des porteurs·euses de projet qui souhaitent être accompagné·es et qui acceptent que leurs données soient transmises (les personnes doivent donner leur accord dans le cadre de la RGPD). Pour simplifier les choses en matière de RGPD, la communauté de communes se veut être une porte d’entrée pour la donnée et a mis en place un formulaire sur son site internet à destination des cédant·es et porteurs·euses de projet. Les partenaires invitent les personnes rencontrées à remplir ce formulaire si elles souhaitent être suivies par la collectivité.

En parallèle, les différents partenaires et la collectivité alimentent un outil cartographique (logiciel Arcopole Pro). Celui-ci intègre les données du diagnostic agricole réalisé par la Chambre d’agriculture : sièges d’exploitation, avec, pour chaque exploitation, son parcellaire et une fiche signalétique (raison sociale de l’exploitation, labellisations, engagement dans des MAEC…). L’outil intègre également les données du cadastre et du PLUi : zones à enjeux (parcs d’activité, zones protégées, PEAN, captages) et les opportunités foncières identifiées (foncier institutionnel et public, biens présumés sans maîtres, friches agricoles). Enfin, dans le cadre d’une convention entre la collectivité et la Safer, les déclarations d’intention d’aliéner (DIA) reçues par la Safer sont transmises au service foncier de la communauté de communes.

Rôle du comité Trajectoire

Grâce à la base de données partagée, le comité Trajectoire permet de mettre en lien des porteurs·euses de projet avec des opportunités foncières ou des cédant·es. Dans le cas des DIA Safer transmises à la collectivité, si la communauté de communes pense qu’il y a un risque de disparition d’une ferme, elle en informe la Chambre d’agriculture et les élu·es de la commune concernée. Une préemption Safer ou PEAN (préemption par le département) peut avoir lieu. Le comité Trajectoire est mobilisé pour identifier un·e porteur·euse de projet pour la reprise de la ferme. Dans ces situations, la réactivité est un facteur clé : le comité Trajectoire permet, par une coopération de long terme, de construire de la confiance, des habitudes de travail en commun et de communication entre les technicien·nes des différentes structures pour rendre possible cette réactivité.

Enfin, le comité Trajectoire déploie depuis fin 2024 des groupes opérationnels locaux pour travailler sur des transmissions identifiées comme à enjeu ou à problème (risque de disparition de la ferme). Les groupes locaux suivent quelques cas précis de transmission, en mobilisant des agriculteurs, des élu·es de commune, les propriétaires fonciers, les cédant·es.

Le dispositif est récent et il est difficile d’évaluer ses résultats en matière d’installation. L’objectif de créer une dynamique multi-acteurs autour de la transmission est toutefois rempli : après un an et demi de réunions régulières, les technicien·nes des différentes structures commencent à construire des habitudes de travail et de la confiance mutuelle, ce qui permet de partager des informations sensibles et d’intervenir ensemble sur des cas particuliers.

Fin 2024, 13 cédant·es et 24 porteurs·euses de projet se sont inscrit·es dans la base de données pour être suivi·es par le comité, ce qui leur permet d’être mis en lien lorsqu’une opportunité et un projet de reprise correspondent. En 2024, 5 cas de transmissions à enjeux ont pu être identifiés, et feront l’objet d’un suivi par les groupes locaux du comité Trajectoire en 2025. En 2023 et 2024, la collectivité a organisé des temps d’information et de rencontre entre cédant·es et candidat·es à l’installation : visite de fermes, cafés-transmission, matinée d’information à destination des cédant·es… 

“On est quand même beaucoup autour de la table. Le délai est toujours serré [pour intervenir sur un transfert foncier] mais on interagit par mail, par téléphone, et on a des personnes vraiment bien identifiées, donc ça nous permet d’être beaucoup plus réactif.”
Mélanie Girault, Responsable Agriculture et Alimentation à la CCEG
  • Une élue motrice qui affirme la volonté de travailler avec toutes les structures de l’installation-transmission et qui se positionne comme “cheffe d’orchestre” de cette coopération.
  • Une diversité de structures qui se complètent dans leur expertise et de par le public d’agriculteurs·ices qu’elles touchent.
  • La temporalité de coopération longue, avec des rendez-vous réguliers, permet d’apprendre à se connaître entre technicien·nes des différentes structures.
  • Charte de confidentialité pour permettre la confiance et l’échange d’informations sensibles.
  • Du temps salarié avec deux postes techniques à la CCEG qui permettent d’appuyer le travail du comité : un poste de Responsable agriculture et alimentation, et un poste au service foncier pour analyser les DIA Safer.
  • Périmètre de protection des espaces naturels et agricoles périurbains (PEAN) sur une partie du territoire.
  • Incertitude sur la pérennité du financement du dispositif, qui dépend de la volonté des élu·es et en particulier d’une élu·e motrice.
  • Des structures a priori peu habituées à coopérer, qui doivent apprendre à travailler ensemble.
  • A l’échelle d’une communauté de communes, les visions politiques peuvent être très contrastées d’une commune à l’autre.

Avec le lancement des groupes locaux pour suivre de manière individualisée des cas de transmission, l’idée est de pouvoir renforcer l’accompagnement des cédant·es, et ou même, si besoin, de proposer un portage foncier temporaire de la ferme. 

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Oui
Veille foncière

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