Centre de Ressources

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Préserver et partager les terres agricoles
RECOLTE
Recueil d’initiatives foncières

La régie agricole de Chambray-lès-Tours (37)

Une collectivité se mobilise pour alimenter sa cantine
septembre 2024
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Depuis une quinzaine d'années, la municipalité de Chambray-lès-Tours se mobilise autour de la question d'une alimentation saine, goûteuse et en circuits courts pour les cantines de la ville. En 2021-2022, elle a inauguré sa ferme maraîchère bio municipale, une “régie agricole” de 2 ha “aux Champs-Braysiens”, dont la production alimente la restauration collective.

Situation

Chambray-lès-Tours
(37)

Chambray-lès-Tours est une ville de 11 600 habitants faisant partie de la métropole de Tours Val de Loire, dont le développement économique et commercial des dernières décennies a entraîné une importante artificialisation des espaces naturels, agricoles et forestiers.

Depuis une quinzaine d'années, toutefois, la municipalité de Chambray-lès-Tours se mobilise autour de la question d'une alimentation bio et locale pour les cantines de la ville. Cela l’amène à repenser la protection des terres agricoles et le développement de l’agriculture locale. 

2018 : introduction de 100% de produits bio à la cantine de Chambray-lès-Tours.

2019 – avril 2021 : construction d'une cuisine centrale avec légumerie 

2020 - 2021 : choix du terrain pour la régie agricole, analyse des sols, forage d'un puits.

2021 - 2022 : recrutement et installation d’un maraîcher. Installation de serres et containers pour bureau, espace frigorifique, atelier.

2022 : première production de légumes servis aux cantines.

Un travail sur l’approvisionnement des cantines 

Depuis 2016-2017, la commune de Chambray-les-Tours est adhérente à l’association nationale Un Plus Bio et souhaite changer les pratiques d'approvisionnement dans sa restauration collective. En 2018 elle atteint 100% de bio dans les repas servis aux élèves, à 80% frais et, dans la mesure du possible, privilégiant les circuits-courts et les producteurs locaux.  L'augmentation du prix du repas n'est pas répercutée sur les familles. 

Afin d'optimiser les coûts, la municipalité décide la construction d'une cuisine centrale avec une légumerie pour regrouper la préparation des repas (éclatée en 4 restaurants scolaires) avec une capacité permettant de fournir les repas à l’ensemble des écoles publiques de la ville, aux structures d’accueil petite enfance et centres de loisirs, soit environ 1000 repas chaque jour (coût : 1,99 millions d'euros). En 2021, la première cuisine centrale 100% bio du Département est mise en service. 

Le cheminement vers la relocalisation : la création d’une régie municipale

Pour répondre à son besoin d'approvisionnement en circuits courts, la municipalité souhaite installer une production maraîchère sur la commune. En 2020, la Chambre d’agriculture est commissionnée pour étudier les possibilités d’installation, repérer la parcelle et analyser la faisabilité du projet. Une prairie municipale de 2,2 ha en zone périurbaine, alors terrain constructible, est choisie pour accueillir le projet. Après des échanges avec d’autres communes du réseau Un Plus Bio pionnières de la création de régies agricoles (Moussy-le-Neuf et Mouans-Sartoux), la mairie de Chambray-lès-Tours prend à son tour la décision d’internaliser la production et d’embaucher un maraîcher salarié par la commune. Un appel à candidature est lancé et relayé par diverses structures et écoles agricoles. Sur 11 candidatures, 3 sont retenues pour un entretien. La mairie demande un travail complémentaire aux candidats et retient au final Yannick Barriol, porteur de projet qui propose une approche de maraîchage sur sol vivant (ou “MSV”, impliquant peu de mécanisation, usage de bâches et couvert végétal pour la gestion des herbes, etc.).

En parallèle du recrutement, la mairie investit dans l’infrastructure nécessaire à la production agricole sur la parcelle : réalisation d’un forage, achat de serres, accès pour les véhicules… Les coûts totaux s’élèvent à presque 300 000€ d’investissements, entièrement assumés par la commune. La métropole de Tours Val de Loire met à disposition 3 containers pour la création d’un bureau, d’un espace réfrigéré et le stockage du matériel. 

2022-2023: rodage de la production et du fonctionnement de la régie 

Pendant la première année, le maraîcher prépare la terre, échange avec le responsable des cuisines sur les besoins, quantités et sur la composition des menus en fonction de la saisonnalité des légumes. La cuisine centrale est gérée par un prestataire qui accepte de prendre les produits issus de la régie à un prix moyen déterminé avec la mairie à partir de l’indice des prix du marché. Le maraîcher collabore également avec les services techniques de la commune qui l’appuient pour l’installation et l’entretien du terrain (montage des serres, tonte, drainage des fossés…) et le fournissent en broyat végétal (achat d’un broyeur par la commune, qui dispose d’espaces verts et de forêts à entretenir). 

Après une première année de petite production en 2022 (2 tonnes), l’année 2023 marque le rodage de l’exploitation avec une quinzaine de tonnes de légumes produits. La mairie investit dans des surgélateurs pour conserver le surplus de l’été. Un demi-poste de plus est créé pour la conjointe du maraîcher pour soutenir l’activité. La mairie décide enfin d’augmenter le salaire du maraîcher, pour atteindre 2200€ net par mois. En plus de son investissement initial pour installer la ferme, la commune assume donc des coûts de fonctionnements (salaires, dépenses fonctionnelles…) autour de 80 000€ par an.

Volet important du projet, les maraîchers développent et mettent en place des actions pédagogiques : école à la ferme avec les scolaires, accueil du public (EHPAD, De ferme en ferme), partenariat avec le lycée agricole de la ville.

Le projet a donné les résultats suivants : 

-  une régie agricole fonctionnelle, qui a permis l’installation la création d’1,5 postes de maraîchers sur le territoire et fournit de 15 à 20 tonnes de légumes par an, le tout  entièrement financé par la commune;

  • la protection et le développement de 2,2 ha terres agricoles auparavant classées en zone “à urbaniser” (reclassés en zone agricole);
  • la sensibilisation des enfants au goût, au gaspillage alimentaire, à la culture des légumes, à la transition écologique, avec une adhésion des familles et des habitants au projet; 
  • l’accueil de jeunes en formation agricole en stage sur la régie; 
  • la commune tout comme le maraîcher s’investissent pour essaimer les apprentissages issus de cette expérience et faire un exemple pour les différentes communes de la métropole déjà engagées dans une réflexion via le projet alimentaire territorial (PAT) de Tours Val de Loire.
”Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir recruter M. Barriol dont le profil est tout à fait adapté à notre projet de régie municipale. Aux communes qui nous demandent conseil, nous attirons l’attention sur le fait que c’est un métier qui demande de pouvoir aller plus loin que la production agricole, cela demande de l’appétit pour travailler avec le public et les autres acteurs de la commune et de la cuisine centrale.”
Yves Delcroix, Conseiller délégué à la Transition Ecologique à la Mairie de Chambray-lès-Tours
  • La forte volonté de la mairie et ses ressources financières (budget de 16 à 17 million d’euros par an) ont permis l’investissement initial dans la création de la régie.
  • Le profil du maraîcher recruté correspondait parfaitement aux besoins de la mairie, avec une grande capacité d’écoute et d’adaptation pour le partenariat avec la cuisine centrale, l’accueil du public, le lien avec la collectivité.
  • Le partenariat avec les services techniques de la commune est important pour soulager le maraîcher de l’entretien du terrain et le fournir en matière végétale nécessaire à l’approche MSV. 
  • La commune n’a pas obtenu de financements externes pour soutenir son projet (demandes réalisées au niveau de la métropole, du département, de la région…).
  • Il existe un vide juridique en ce qui concerne la possibilité pour les mairies d’être “exploitants agricoles” lorsqu’elles internalisent, comme c’est le cas en régie, la production de légumes. Cela implique de ne pouvoir vendre les légumes en dehors des structures publiques et de collectivités territoriales et peut poser des problèmes en cas de surplus de production, l’été notamment. 
  • Le partenariat avec le prestataire qui gère la cuisine centrale fonctionne, mais demande des compromis : choix de variétés standardisées pour faciliter la préparation de certains légumes, absence de traçabilité pour l’instant sur la part des légumes utilisés venant de la régie et leur prix de revient par rapport au prix des repas, etc.  
  • La mairie de Chambray souhaite continuer le travail avec le prestataire de la cuisine centrale pour améliorer la transparence du prix de revient et la part des légumes utilisés venant de la mairie.
  • Le maraîcher actuel est embauché en “CDD projet” jusqu’à la fin du mandat actuel. Il conviendra à l’équipe municipale suivante de pérenniser ce contrat. 
  • La mairie réfléchit à d'autres projets pour accentuer la dynamique lancée par la mairie avec les citoyens : création de jardins partagés, organisation d’ateliers ou autre.
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Oui
Ferme communale ou intercommunale

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