Infos synthétiques sur l’IFAC
Infos synthétiques sur la ou les fermes concernées par l’IFAC
Créée en 2013, Lurzaindia est une initiative foncière agricole citoyenne qui a pour principal objectif de préserver la terre nourricière au Pays Basque.
Oeuvrant pour une vision de la terre en tant que bien commun, pour le maintien et l’installation en agriculture paysanne, elle s’ancre dans une démarche historique sur le territoire. L’initiative s’est dotée d’une structuration mobilisant plusieurs statuts, dont une société en commandite par actions (SCA), une fondation et une association, lui permettant d’agir le plus efficacement possible afin de lutter contre la spéculation foncière, préserver le foncier agricole et favoriser l’installation de la relève paysanne.
Aujourd'hui Lurzaindia c’est :
✔️ 486 hectares de terres préservées
✔️ 41 paysan·nes installées
✔️ 3775 actionnaires solidaires
✔️ 1 670 445 € investis depuis sa création
Lurzaindia se compose de trois entités complémentaires :
✔️ La Foncière Lurzaindia acquiert des terres et bâtiments agricoles grâce à l’épargne solidaire.
✔️ L’Association Lurzaindia mobilise et sensibilise les citoyen·nes et collectivités à la protection du foncier.
✔️ La Fondation Lurzaindia, abritée par la fondation reconnue d’utilité publique (FRUP) de Terre de Liens, est habilitée à recevoir des dons et legs.
Les 3 missions de Lurzaindia :
✔️ Préserver l’usage agricole des terres en garantissant un prix équitable
✔️ Acquérir des terres agricoles pour soutenir des projets d’installation ou conforter de petites fermes en encourageant l’agriculture paysanne
✔️ Sensibiliser les citoyen·nes aux enjeux de protection du foncier agricole
Le tourisme et la spéculation immobilière exercent une forte pression sur le foncier au Pays Basque. L’essor des résidences secondaires et des activités touristiques détourne progressivement les terres de leur vocation nourricière et fragilise l’équilibre agricole du territoire.
La rareté des terres et la flambée des prix, bien supérieurs à ceux d’autres régions, rendent l’accès au foncier particulièrement difficile pour la relève paysanne. Entre 2015 et 2018, plus de 2 450 hectares de terres agricoles ont disparu selon la SAFER, accentuant les obstacles à l’installation des jeunes paysan·nes non issu·es du milieu agricole.
Un socle paysan militant structure néanmoins le territoire. Depuis les années 1980, le syndicat ELB (Euskal Herriko Laborarien Batasuna), la Fédération Arrapitz, l’APFPB (Association des Producteurs Fermiers du Pays Basque) et la marque collective IDOKI ont contribué à renforcer l’agriculture paysanne. Dans les années 2000, la chambre d’agriculture alternative EHLG (Euskal Herriko Laborantza Ganbara) vient consolider cette dynamique collective.
C’est dans ce contexte agricole et militant que naît Lurzaindia : une initiative collective et solidaire visant à protéger le foncier agricole, freiner la spéculation et maintenir une agriculture paysanne vivante et locale.
Un collectif de paysan·nes et de citoyen·nes déjà engagé·es dans le GFAM Lurra, un Groupement foncier agricole mutuel, impulse la création de Lurzaindia. Créé à la fin des années 1970, le GFAM Lurra avait déjà permis l’acquisition de 257 hectares de terres agricoles au Pays Basque grâce à la mobilisation de sociétaires solidaires.
La prise de conscience des limites du statut de GFAM déclenche la création de Lurzaindia. Jugé trop rigide pour agir face à la spéculation foncière, ce statut imposait la consultation de tou·tes les associé·es pour chaque acquisition, ralentissant les décisions et l’action foncière.
Une réflexion collective s’engage en 2011 entre Lurra, l’ELB, l’inter-AMAP du Pays Basque, EHLG et la fédération Arrapitz, avec le soutien juridique de Terre de Liens et Herrikoa. Elle aboutit en 2013 à la création d’une Société en Commandite par Actions (SCA), issue de la fusion-absorption du GFAM Lurra. Cette forme juridique, réunissant associé·es commandité·es (structures paysannes) et commanditaires (citoyen·nes épargnant·es), permet d’agir plus rapidement et d’acquérir des terres grâce à l’épargne solidaire.
L’association Lurzaindia et un fonds de dotation viennent compléter cette démarche. L’association mobilise citoyen·nes et collectivités autour de la préservation du foncier agricole, tandis que le fonds de dotation recueille des dons pour soutenir les missions de la structure. Devenu en 2022 la fondation Lurzaindia, abritée par la fondation Terre de Liens, il permet désormais de recevoir des fermes en donation ou en legs et de renforcer l’action de Lurzaindia grâce aux dons, mécénats et partenariats publics.
Aujourd'hui, ces valeurs sont :
✔️ Coopérer pour la construction d’une agriculture paysanne durable au Pays Basque
✔️ Encourager le développement d’un tissu économique rural dynamique participant à la vie des campagnes et des villes
✔️ Favoriser une alimentation de qualité et de proximité profitable à notre santé et notre environnement
✔️ Contribuer à la préservation des paysages
Terres de Marienia, Myriam, octobre 2025, consulté sur le site de Lurzaindia.
1979
✔️ Création du GFAM Lurra
1980
✔️ Premier achat de terres par le GFAM Lurra à Beyrie-sur-Joyeuse.
2011
✔️ 15e et dernier achat du GFAM à Aroue et début des réunions avec les partenaires pour réfléchir à une nouvelle structure
2013
✔️ Fusion-absorption de Lurra et création de la SCA Lurzaindia.
2014
✔️ Premier achat de Lurzaindia à Lacarry.
2016
✔️ Création de l’association
2018
✔️ Création du fonds de dotation Lurzaindia
2019
✔️ 10e acquisition de Lurzaindia à Saint-Étienne-de-Baïgorry.
2020
✔️ Lurzaindia fête les 40 ans de lutte depuis la création du GFAM Lurra. Mobilisation autour d’une action d’occupation de terres à Arbonne pour dénoncer leur vente à un prix spéculatif
2022
✔️ Le fonds de dotation devient la Fondation Lurzaindia, abritée par Terre de Liens.
Le succès de Lurzaindia repose sur plusieurs facteurs allant de sa structuration tripartite (association, foncière SCA et fondation), à la vitalité du terreau paysan local, qui lui confèrent réactivité, cohérence et efficacité.
✔️ Réactive et protectrice
La Foncière Lurzaindia permet d’acquérir et protéger rapidement des terres, étant conçue comme un outil destiné à être très réactif sur toutes les ventes foncières susceptibles de passer à la spéculation. Fruit d’un réel travail de réflexion stratégique, elle s’avère être un outil de veille foncière très réactif sur les déclarations d’intention d’aliéner (DIA).
✔️ Mobilisatrice et dynamique
Un autre facteur de réussite de Lurzaindia réside dans la capacité de son association à créer et maintenir une dynamique locale. Elle organise des événements et rassemblements pour sensibiliser et mobiliser les citoyen·nes, allant jusqu’à des actions directes telles que l’occupation de terres pour dénoncer la spéculation foncière. Cette force permet également de fédérer une base convaincue idéologiquement et facilite les actions de levée de fonds pour soutenir les projets d’installation.
✔️ Une gouvernance collective ancrée dans un socle militant
Une autre force de Lurzaindia réside dans sa création et sa gestion commune par quatre structures du territoire. L’initiative s’appuie sur un socle militant paysan spécifique au Pays Basque, constitué d’organisations locales diversifiées œuvrant collectivement. Sa gouvernance est collective, intégrant les représentant·es d’ELB, EHLG, ARRAPITZ et de l’INTER AMAP. Leur implication dès la fondation et leur intégration dans la gouvernance, combinées à la présence de délégués de commissions SAFER, permettent une lecture complète des dossiers et garantissent une forte capacité d’action.
✔️ Soutenue par les acteurs locaux
Le succès de Lurzaindia est renforcé par l’efficacité de ses partenariats avec les acteurs institutionnels et locaux : syndicats, SAFER, élus et banques. Le soutien de la SAFER et l’accès rapide à des financements bancaires, combinés à l’appui des élus locaux, renforcent la capacité d’action de l’initiative. Cette collaboration permet de mobiliser rapidement les ressources et de prendre des décisions sur le terrain, rendant possible une installation en quatre mois, ce qui était impossible avec le GFAM Lurra.
Mobilisation financière et temporalité des acquisitions
Lurzaindia fait face à des besoins de financement récurrents pour maintenir son rythme d’acquisition. Le principal frein réside dans le timing des préemptions : il est difficile de réunir les fonds à temps pour agir avec la SAFER. La foncière ne peut se positionner que si elle dispose à la fois des fonds et d’un·e porteur·euse de projet prêt·e à s’installer. Le recours temporaire à des prêts bancaires permet de sécuriser les terres, mais renforce la nécessité de consolider la collecte citoyenne.
Charge de travail
La veille foncière, les dossiers de préemption, les visites et la sensibilisation demandent un investissement en temps considérable. Malgré l’appui des bénévoles, le manque de moyens humains limite la capacité d’action. Le soutien des élu·es reste variable selon les projets, ce qui impose à Lurzaindia un travail constant de sensibilisation et de plaidoyer.
Difficultés liées à la gestion du bâti d’habitation
Le GFA n’ayant actuellement pas les moyens financiers et administratifs d’acquérir du bâti d’habitation, les paysan·nes locataires des terres sont donc propriétaires de leur logement. Ainsi lors de leur départ à la retraite, il devra être envisagé de vendre ou quitter ce bâti auquel ils et elles sont attaché·es afin de maintenir l’unité de la ferme. Cette contrainte complique les transmissions et fragilise les reprises.
Grâce à l’action de Lurzaindia, il a été possible de :
✔️ Protéger et préserver 486 hectares de terres, les retirant définitivement du marché spéculatif et empêchant leur revente.
✔️ Installer 41 paysan·nes en les accompagnant dans leur projet agricole, avec le soutien d’un réseau local solidaire.
✔️ Mobiliser 3 775 actionnaires engagés et 1 670 445 € mobilisés depuis la création pour soutenir l’agriculture paysanne.
Renforcement des capacités foncières et financières
Lurzaindia souhaite consolider ses moyens d’action en renforçant sa capacité d’achat et en développant de nouveaux outils de collecte de fonds, notamment grâce à un passage en FRUP (Fondation reconnue d'utilité publique). Néanmoins, ce statut implique des obligations strictes en matière de gouvernance et de gestion financière, ce qui pourrait limiter la flexibilité actuelle de la foncière. L’objectif est de passer à une échelle supérieure pour sécuriser davantage de terres agricoles et pérenniser la Fondation, garante de la transmission intergénérationnelle du foncier paysan.
Accompagnement des transmissions et renouvellement des générations
Les prochaines années seront marquées par de nombreux départs à la retraite. Lurzaindia se fixe pour priorité de mieux anticiper ces transmissions, notamment sur la question du bâti d’habitation, afin de faciliter les reprises et d’éviter la perte de fermes actives. La foncière souhaite également favoriser l’installation de jeunes paysan·nes et renforcer ses partenariats avec les collectivités locales pour inscrire son action dans une stratégie foncière durable.
L’implication directe des structures professionnelles agricoles dans un outil de portage foncier citoyen distingue Lurzaindia.
Elle permet de prendre en compte les réalités du terrain, la viabilité des exploitations et les besoins concrets des installations agricoles. Lurzaindia constitue ainsi un exemple réussi de portage foncier multipartenarial. Cette implication des acteur·ices professionnel·les, combinée à la mobilisation citoyenne, est renforcée par le partenariat avec la SAFER, qui facilite les acquisitions de terres. Le soutien de la Fondation Terre de Liens permet, quant à lui, de sécuriser le bâti et d’assurer la pérennité des projets. Ce modèle est un exemple inspirant de coopération entre acteur·ices agricoles et citoyen·nes pour protéger et dynamiser le foncier local.