Infos synthétiques sur l’IFAC
Infos synthétiques sur la ou les fermes concernées par l’IFAC
Fondé en 2006, le Groupement Foncier Agricole (GFA) de Brémelin réunit aujourd'hui 76 associé·es engagé·es dans la préservation du foncier agricole et le soutien à l’installation paysanne pour la Ferme de Brémelin.
Le GFA est propriétaire de 34 hectares de terres, qu’il met à disposition de trois paysan·nes réuni·es au sein de la SCEA (Société Civile d’Exploitation Agricole) de Brémelin. Ces dernier·es sont locataires du foncier, et y développent collectivement un projet agricole diversifié en maraîchage, élevage de cervidés, transformation et vente à la ferme.
Le GFA de Brémelin s’ancre à Guéhenno (56420), en zone rurale du Morbihan, territoire marqué par la diminution progressive du nombre d’exploitations et la difficulté d’accès au foncier pour les nouvelles générations paysannes. Au début des années 2000, une paysanne installée en agriculture biologique souhaite transmettre sa ferme dans la continuité de ses valeurs.
Celle-ci publie une annonce dans un journal paysan, attirant tout de suite l’attention d’un groupe d’ami·es en reconversion et issu·es d’horizons variés (animation socio-culturelle, bâtiment, etc.). Formé·es au métier agricole par des BPREA et stages, ils et elles recherchent une terre d’une trentaine d’hectares dans le Grand Ouest pour installer leur projet collectif, réunissant maraîchage, élevage de cervidés, transformation et accueil pédagogique à la ferme.
La cédante et son conjoint ont un réel coup de cœur pour le projet et voient en lui une belle opportunité de faire revivre le village. Autour de ce noyau paysan, se rassemble un collectif de personnes issues des milieux militants locaux (syndicats, etc.) et du mouvement de l’éducation populaire (MRJC), déjà sensibilisées aux enjeux fonciers agricoles. Ce terreau social posera les bases pour l’émergence d’une dynamique citoyenne forte.
Mettre la terre en commun
Dès le départ, le collectif paysan partage une vision de la terre en tant que bien commun et ne souhaite pas posséder la terre. Leur objectif est de fonder un Groupement Foncier Agricole, permettant l’achat collectif des terres et leur mise en location à la SCEA de la Ferme de Brémelin.
Une acquisition progressive
Dans ce moment charnière de départ à la retraite du couple cédant, le groupe ne dispose pas de toute la somme nécessaire. Convaincu·es par le projet, les cédant·es acceptent de vendre le foncier petit à petit, le temps que les fonds soient récoltés. C’est ainsi qu’en 2006, le GFA de Brémelin est créé, regroupant à ce moment les 6 repreneur·euses. 18 hectares sont d’abord acquis, notamment grâce à des prêts. La cédante, convaincue par le projet collectif, a elle-même pris des parts dans le GFA.
Le choix du statut de GFA
L’idée de recourir à la forme juridique du GFA s’est inspirée directement de l’expérience pionnière du GFA voisin, le GFA de la Tertraie Solidaire. Certain·nes de leurs associé·es ont d’ailleurs pris des parts dans le GFA de Brémelin pour soutenir sa création. Cette filiation entre initiatives a permis de transmettre à la fois une culture de gouvernance collective et une expérience juridique et financière.
Un ancrage territorial et militant
Pour rendre possible la reprise de 34 hectares de terres agricoles, une vaste mobilisation regroupant des citoyen·nes engagé·es souhaitant soutenir l’installation paysanne locale est mise en route. En 2009, le GFA ouvre son capital et une campagne de collecte de fonds est lancée via des réunions publiques et du tractage dans les magasins de producteurs, les faisant passer à 51 associé·es. En 2014, une nouvelle campagne est lancée et en 2020, le nombre d’associé·es passe à 63. Encore aujourd’hui, la cédante est associée active, renforçant la continuité du lien de transmission.
2006
✔️ Mobilisation de citoyen·nes engagé·es pour financer l’acquisition des terres.
✔️ Création du GFA de Brémelin et première acquisition de 18 hectares par 6 associé.es
2009
✔️ Ouverture du Capital du GFA pour une levée de fonds auprès de nouveaux et nouvelles associé.es issu.es du territoire.
2010
✔️ Renouvellement de la cogérance pour un meilleur équilibre au sein de la gouvernance.
2014
✔️ Mise à jour des statuts, permettant d’augmenter le capital et le nombre d’associé·es.
2020
✔️ Modification des statuts pour rendre le capital variable et passer à 63 associé·e.
✔️ Inscription dans les statuts des clauses liées à l’agriculture biologique via le BRE.
2023
✔️ Départ d’un des paysans suite à une séparation et réorganisation au sein du GFA.
Un socle local militant
En réactivant les forces citoyennes d’un socle militant préexistant, le GFA de Brémelin a pu réaliser une levée de fonds qualitative de 75 600 €. Ses associé·es, dont la majorité partagent un discours sur les communs, ont investi dans le projet par motivation idéologique.
Une vie sociétaire dynamique
La proximité avec les associé·es, notamment à travers des lettres d’info régulières, des évènements à la ferme (portes ouvertes, etc.), des chantiers participatifs et groupes de travail, renforce l’adhésion, facilite les levées de fonds et soutient la durabilité du projet.
Un lien avec les consommateur·rices
Le fait que le collectif paysan installé organise des animations de ferme pédagogique, portes ouvertes et de vente à la ferme, renforce également le lien avec les consommateur·rices. Ceux et celles-ci sont informé·es du rôle du GFA en tant que structure de portage, notamment grâce à de l’affichage, les incitant à participer aux levées de fonds.
Démocratie participative et éducation populaire
La gouvernance participative du GFA de Brémelin, se démarquant par des pratiques d’éducation populaire, ainsi que par l’ancrage idéologique de ses associé·es, encourage la présence assidue aux AG. Ainsi, cette IFAC se caractérise par sa forte participation démocratique et l’implication active dans les prises de décision collectives, contribuant ainsi au dynamisme et à la pérennité de celle-ci.
Changements dans la SCEA locataire des terres
Un moment délicat a été la séparation d’un couple parmi les porteur·ses de projet. L’une des deux personnes a quitté la SCEA et n’est donc plus locataire des terres, mais est restée associée du GFA. Grâce à une gouvernance collective, humaine et solidaire, le groupe a su se réorganiser de manière fluide et respectueuse, maintenant ainsi l’équilibre du projet.
Difficultés liées à l’augmentation du capital pour le rachat progressif des terres
Un autre défi a concerné le rachat de nouvelles terres pour continuer d'acquérir petit à petit les parcelles de la cédante, nécessitant un certain travail technique et des démarches pour rendre le capital variable. Des groupes de travail ont alors été organisés afin de faire les démarches en mutualisant les compétences et se répartir les tâches.
De lourdes démarches administratives
Comme beaucoup d’autres GFA, le GFA de Brémelin est confronté à d’importantes démarches administratives liées aux mouvements de parts (départs d’associé·es, rachats de parts ou aux décès. Aujourd’hui, la stratégie est de ne pas avoir trop d’associé·es et de favoriser une stabilité pour limiter ces démarches.
La création du GFA de Brémelin a permis de :
✔️ Mener une première collecte de fonds permettant d’amasser 50 000 € pour l’acquisition collective de terres et en garantir la vocation nourricière
✔️ Préserver 34 hectares en agriculture biologique et les sortir de la spéculation
✔️ Réussir une transmission suite à un départ à la retraite
✔️ Rendre possible l’installation de 6 personnes en reconversion professionnelle
✔️ Renforcer les circuits courts et retisser le lien entre citoyen·nes et production locale, en permettant aux consommateur·ices d’acheter directement à la ferme des produits transformés sur place (jus de pomme, pizzas artisanales, conserves, etc.)
✔️ Redynamiser la vie citoyenne locale et démontrer qu’un portage collectif peut pérenniser des terres agricoles et soutenir l’installation paysanne.
Renouvellement de la cogérance
Le GFA est en cours d’intégration d’un nouveau co-gérant, afin de renouveler ses compétences et renforcer la dynamique de gouvernance collective.
Continuer de participer à la vie de la ferme
En plus de permettre l'installation, les membres du GFA ont une volonté de continuer à soutenir les activités des paysan·nes locataires, que ce soit en les aidant lors de chantiers participatifs ou en consommant leurs produits.
S’entraider entre IFAC face aux démarches administratives
Le GFA de Brémelin fait face à certaines difficultés liées aux cessions de parts et aux démarches administratives, qui nécessitent un suivi attentif pour garantir la bonne gestion du capital et le respect des obligations légales. Pour faire face aux difficultés juridiques et fiscales, le GFA prévoit de s’allier avec le GFA de la Tertraie Solidaire.
Une gouvernance qui se renouvelle
La gouvernance du GFA de Brémelin se distingue par sa dynamique collective et sa capacité à se renouveler.
Les membres de la cogérance se forment entre eux et elles, et ont eu l’idée novatrice d’ouvrir leurs réunions à l’ensemble des associé·es.
Cette pratique permet à celles et ceux intéressé·es par la cogérance de découvrir concrètement son fonctionnement, de s’y initier progressivement et, à terme, les encourage à se présenter aux élections de la prochaine assemblée générale.
La cogérance, composée de retraité·es, d’actif·ves et de personnes aux compétences variées, enrichit les ressources humaines du collectif et diversifie les approches de gestion.
Des groupes de travail ouverts
La gouvernance du GFA de Brémelin repose sur une participation citoyenne active. Des groupes de travail ponctuels, ouverts à l’ensemble des associé·es, permettent de débattre et de co-construire les décisions. Ces espaces favorisent la transparence et l’appropriation collective des choix stratégiques, notamment en ce qui concerne les acquisitions foncières.
Des assemblées générales conviviales
Les assemblées générales du GFA de Brémelin sont conçues comme des moments vivants, inclusifs et formateurs. Elles permettent le partage d’informations, la mobilisation des membres et la montée en compétence collective dans un cadre convivial qui renforce la cohésion et le sentiment d’appartenance au projet.
Une culture d’éducation populaire
La dynamique du GFA de Brémelin est soutenue par la présence d’associé·es disposant de compétences antérieures en animation et en éducation populaire. Certain·es d’entre eux et elles, également impliqué·es dans d'autres IFAC comme le GFA de la Tertraie, partagent leurs expériences et leurs savoir-faire, contribuant ainsi à surmonter les difficultés administratives.