L'état des terres agricoles en France - Partie 3
La France dispose en théorie de la surface nécessaire pour nourrir l’ensemble de ses habitants. Mais les choix actuels sur l’usage des terres rendent en réalité notre alimentation quotidienne dépendante de millions d’hectares cultivés dans des pays voisins (et souvent très lointains), et du transport international de marchandises. En perturbant fortement les échanges internationaux, la crise sanitaire a révélé la vulnérabilité de ce modèle alimentaire. Elle a aussi permis aux consommateurs et au monde politique de prendre une nouvelle
fois conscience de la nécessité de relocaliser notre alimentation en favorisant les cultures et les circuits de consommation de proximité. Cela ne va pourtant pas de soi : relocaliser implique des engagements forts pour destiner la terre agricole à des productions vouées à l’alimentation locale, pour accompagner l’agriculture vers plus de résilience notamment vis-à-vis de la ressource en eau, et pour favoriser la constitution de nouvelles filières (de la production à la transformation, la distribution). Elle demande aussi de penser une solidarité accrue entre les territoires et entre les populations, au risque sinon de mettre en concurrence directe les villes françaises pour leur approvisionnement local. La démocratie foncière, c’est-à-dire le renforcement du pouvoir citoyen sur les choix concernant l’avenir des terres agricoles, en est une condition sine qua non.
Il n’y a pas deux fonctions séparées qui seraient l’une de produire, l’autre de consommer, mais une seule activité partagée : se nourrir. Cela suppose une délibération en commun pour déterminer comment nous souhaitons vivre.
InPACT, Rencontres nationales des agricultures : « Manger, c’est d’un commun ! », 2016
Cette ressource est le troisième chapitre du rapport L'état des terres agricoles en France. Découvrir le rapport intégral.